samedi 29 juin 2013

Oulan Bator - Irkoutsk (Russie)

Une fois les visas en poche, on ne traine pas une seconde de plus dans cette ville qui ne nous inspire pas du tout et nous partons le soir meme. Avant cela, nous prenons tout de meme du bon temps a la "Gana's Guesthouse", un peu de pub, pourquoi pas ! Douche brulante, internet gratuit dispo a tout moment, lit pas cher en yourt et ambiance sympa !


Enfin les voila ces fameux visas russes, ah ! On a sacrement banque pour les avoir, heureusement maintenant, les visas, c'est finit ! On part donc le soir meme et on pedale avec envie, on photographie le panneau "Ulaan Bataar" avec une joie mauvaise.

Nous mettons quatre jours pour rejoindre la frontiere qui est a 400 kilometres d'Oulan Bator, on reprend du rythme. Le decor change un peu et devient un brin plus montagneux, c'est superbe, puis pas vraiment de problemes pour le campement, et de plus l'herbe rase, c'est top. Un soir, alors qu'il fait nuit et que nous finissons le repas (la classique pates-mayo-ketchup-oignon-sel, pas d'huile d'olive comme on en mettait a foison pendant le debut du voyage, ici c'est bien trop cher) un jeune berger vient a notre rencontre, malheureusement, a part les directions et les prenoms on ne se comprend pas bien. On arrive a piger qu'il a marche toute la journee avec son troupeau de moutons et qu'il dort dehors, comme ca sur l'herbe. On l'invite a dormir dans l'abside mais nous dit en fait que quelqu'un vient en moto (bon en fait, on ne pige absolument rien). Le lendemain matin on le croise sur le bord de la route avec un petit sac de provisons.


Cela nous fait du bien de rencontrer ce genre de gens, un matin aussi, nous rencontrons des ouvriers qui viennent voir ce qui se passe quand on sort de la tente. L'un d'eux, le plus trapu, est surexcite, de bien bonne humeur, une vraie pile electrique, nous on a la tete bien dans le c**,a peine sortis des duvets et voila qu'il me propose un combat de lutte, et mime un coup de poing vers robin en criant "Mike Tyson !". Il nous epuise un peu mais est, faut le dire bien marrant. Il se calme rapidement lorsqu'on sort la carte.


A Darkhan nous prenons une chambre car nous avons quelques truc a y faire. La ville est moche, comme la plupart des villes que nous traversons ici en Mongolie (je n'ose pas dire toutes) et est bien peu acceuillante: terne, voitures aux vitres teintees (la grande mode ici en Mongolie aparemment), gens qui ne paraissent pas bien aimables, immeubles degradees et bars qui sentent le poignard au premier coup d'oeil. Le gros bar/club de Darkhan est ainsi fait: facade delabree, de couleur mauve, et en guise de deco: d'enormes scorpions noirs dessines au pochoir, des fenetres minuscules et le batiment, grossier et bas est au bord de la rue principale, en contrebas.

On a plutot du beau temps, on se paye bien quelques averses et orages mais a chaque fois nous sommes au bon endroit et au bon moment car on se trouve toujours dans des markets ! C'est lors d'une de ces pauses ou l'on test le rechaud car on pense avoir mis du diesel et non de l'essence, grosses flammes, ca fume de partout, ah ! c'est du diesel !

La date d'entree en Russie que nous avons indiquee lors de la demande des visas est le 18 juin et on ne peut evidemment y entrer avant. La veille, vers midi, a quelques dizaines de kilometres de la frontiere nous rencontrons Jean-Marie (sprint necessaire pendant quelques kilometres pour le rejoindre, l'ayant apercu filer devant un market), 67 ans, "40 ans de course cycliste", il a atterri a Oulan Bator recemment et fait exactement (plus ou moins bien sur) le meme trajet que nous jusqu'en France, il compte arriver en France fin juillet. Son voyage dure 2 mois. Il a une remorque et non des sacoches et pedale plutot fort. En Europe il nous annonce vouloir faire "150 kilometres jours", on va devoir appuyer fort sur les pedales nous aussi. On le quitte a la ville frontaliere car rob a besoin de consulter ses mails. On le recroisera probablement !


Juste avant la frontiere nous traversons des forets de pins et bouleaux et nous avons un ressenti commun, on est chez nous ! Ca faisait longtemps que l'on avait pas vu de forets telles quelles et bah, ca fait du bien !

Dernier rouchour et pirochki (pas de buuz !) dans un gazar a la jeune vendeuse drole et un peu flinguee. Mais ce n'est pas notre dernier contact avec le peuple mongol; le dernier, et vraiment le dernier, juste avant le poste doannier, c'est un ivrogne, a l'arriere d'une voiture (aux vitres...teintees) qui nous exhibe son joli majeur par la fenetre puis qui nous lance juste apres son geste "sorry sorry!".

 

Ca y est on arrive au poste frontalier russe, on est tous les deux impatients de le franchir. On percoit des blancs dans leur propres pays, et oui ! ca fait bizarre, on sent qu'on se rapproche de chez nous. Quelques metres avant le poste il y a une stele, on se glisse furtivement devant pour faire la photo mais voila qu'une femme arrive et se rue sur l'appareil: "Delete photo!!!" "No photo ! No !". Obliges de supprimer la photo.
Au poste, la doanniere nous devisage lentement l'un apres l'autre pour verifier si le bonhomme sur la photo est le bon. On ne nous fouille pas et nous passons en peu de temps, voila on y est, en Russie !

On file vers le village juste a cote, pour voir la tronche des russes, retirer les premires roubles et surtout se donner une raison de faire une pause au market. Peu de surprises quant a la tetes des russes, on s'y attendait et le market, un vrai supermarche comme chez nous. Et d'ailleurs les prix aussi ressemblent a chez nous: les prix ont bien augmentes. Le cola on oublie. Toutes fois on s'offre un petit plaisir et on repart avec des raquettes de badmintons. Devant le supercmarhce robin se fait offrir un ruban avec des inscriptions religieuses par un papy. On est tout de suite convaincus par les russes, ils ont l'air extras.

Photo sous une petite statue de Lenine puis nous prenons la route en direction du Baikal en fin d'aprem.


Le trajet jusqu'a Oulan Ude qui fait 220 kilometres et qui nous prendra un peu plus de deux jours est plutot difficile, soleil de plomb, reaprovisionnement delicat (il faut se mefier), un matin etant donne le peu d'eau que nous avons on se prive de manger car cela nous donnerait soif. Vingt kilometres plus loin, on trouve un cafe avec bonheur et on se fait offrir buuz et rouchour (ils mangent comme les mongols pres de la frontiere), cela faisait bien longtemps que l'on n'avait mange a l'oeil. En fin d'aprem le premier jour, j'explose en vol, mais c'est de ma faute, lors d'une pause dans un market tant espere je fais l'imbecile: j'achete deux petites glaces et un mini paquet de cacahuetes. Soixantes kilometres plus loin, impossible de resister je dois stopper. J'avale deux sachets de sucre et par bonheur je sais qu'il me reste une boite de sardines (que l'on porte depuis la frontiere mongols tellement elles sont mauvaises et qui du coup se sont averees etre des reserves de secours). Au premier coup d'ouvre boite le jus marron m'innonde le t-shirt et la tronche. Ah que je suis bien a ce moment la ! Nous atteignons un lac fort joli mais helas impossible de descendre sur ses berges, trop complique, et a vrai dire a ce moment pas tres envie de faire dans le complique ! On fait le plein a Goussinozerck (on commence a etre des pros niveau cyrillique), dans le market, a la caisse, avec mon t-shirt en miettes et a l'odeur de poisson je ne me sens pas au meilleur de mon aise. Pour courroner la fin de cette bonne journee, le champ dans lequel nous plantons la tente est infeste de millions de moucherons plus debiles les uns que les autres, c'est a nous rendre fou. Les moustiques qui nous agressent depuis quelques jours deja sont heureusement pas trop de la partie ce soir la.

Jusqu'a Oulan Ude c'est un paysage mongol que nous traversons, pas de forets comme aux environs de la frontiere. Nous arrivons dans la banlieue d'Oulan Ude en fin de journee sous un soleil brulant, sur le bord de la route sont arretes de nombreux futs mobiles. Et ca a l'air bien bons car il y a queue. On pense a de la biere, mais non c'est du kvas, boisson de ble fermente. C'est bon mais ca ne donne que plus soif apres coup.

 
Cette ville est pour nous l'occasion de prendre les tickets du transsiberien pour Moscou, extenues on galere pendant plus de 4h dans un cyber pour enfin parvenir a reserver deux tickets. Sur le site officiel, on ne parvient pas a prendre la 3ieme classe, resultat on sera en cabine de quatres lits. On sort du cyber vers miniuit et demi, on tente de dormir dans la ville a cote d'une eglise mais on se fait deloger par des adolescentes, ici c'est tres dangereux, etc. On finit par sortir de la ville pour finalement se mettre dans les duvets a 3h du matin en n'omettant pas de mettre la bache sur la tente pour eviter de se reveiller trempes de sueur trop vite.
Dure journee, mais voila nos billets, depart de Irkutsk le 30 juin, a 13h14 heure de Moscou. On arrivera dans la capitale le 4 juillet.

Cette fois, derniere ligne droite avant le lac Baikal, toujours de maudits moustiques le soir au campement, nous prenons une douche dans une riviere absolument immonde un aprem sous trente degres. Nous longeons la voie du transsiberien, et ca circule enormement; wagons de bois, petroles, vehicules, conteners en tout genres et bien sur wagons de passagers. Les locomotives ont de l'allure, elles sont robustes et puissantes.

Le matin du jour ou nous atteignons le lac est plutot execrable: c'est le deluge, aucune volonte pour sortir de la tente, on finit par se lever malgre nous vers onze heure mais la tente est remplie de moustiques, on mange dans le plus grand silence equipes pour la flotte.


Puis bah on finit bien par partir ! Plus loin nous rencontrons un polonais plutot ambitieux: il a l'intention de faire 40 000 kilometres en 1 an, on le croit car ce furieux a deja fait 7400 kilometres en 1 mois, il est partit de Pologne et file vers Vladivostok ! Il ne parle que polonais, allemand et russe. Il nous donne l'adresse de chez lui, en pologne, avec un petit mot pour sa femme, on a donc un hebergement en Pologne !


En approchant du lac les forets se font de plus en plus epaisses, le soleil refait un peu surface en milieu d'aprem quitte a avoir de nouveau chaud.


Plus loin un vent froid se met a nous souffler sur le nez, "on approche du lac" ! On n'a qu'une envie ce jour la, c'est d'arriver au lac au plus vite, j'en oublie meme de boire et m'apercoit lorsque nous entrevoyons le lac sur la droite que je n'ai meme pas bu un demi litre en plus de 80 bornes. On achete des bieres en vitesse et nous sprintons vers le lac. Ca y est nous y voila au Baikal ! Depuis le temps qu'on y pense nous y voila enfin ! Malheureusement le temps est de nouveau couvert et le lac est plutot grisatre. Je me mets vite fait bien fait en calebar et pique une tete de quelques secondes, pas bien plus car l'eau est plutot froide, 10 degres d'apres un russe !

Nous longeons le lac pendant trois jours et nous faisons bien entendu nos campements au bord du lac. Nous roulons exclusivement dans de belles forets et nous enchainons de veritables montagnes russes: cotes de 500 m a 9% ou plus puis redescentes instantanees pendant 500m dans le meme genre de pourcentage. Nous rencontrons aussi du mauvais temps, en clair du froid et de la flotte. C'est alors qu'on se pose une bonne partie d'une journee (4h30) dans un resto a lire et a manger. On goute d'ailleurs le "borch", genre de bouillie de patates, tomates et viande qui se mange avec du pain.


En russie ca semble, comme prevu, picoler. Tous les markets possedent leur lot de vodkas et bieres. Et c'est pourquoi, lors d'un campement, lorsqu'a cote de pecheurs avalant de la vodka autour d'un feu et posant les filets a la barque surement ivres, nous ne nous etonnons pas. Un d'eux vient nous voir gaiement mais ne nous invite pas a la soiree.


Le matin c'est un autre genre d'individus qui aparaissent au meme endroit, il pleut encore a n'en pouvoir, il fait froid mais trois ivrognes en chemise gueulent bouteille a la main et l'un d'eux se fait chausser par ses collegues. Ils partent non pas en prenant la route mais en chancelant sur le pont de la voie ferree.

Rencontre avec un russe qui semble voyager a cheval, il porte un gros fusil, des sacoches remplies de provisions et un tapis de sol sur les fesses du cheval. Il galope le long de la route. Malheureusement, une fois de plus, a part les directions et les trucs de ce genres on ne se comprend pas. Il a d'ailleurs l'air d'en avoir lui aussi un coup dans le nez.


Nous faisons le dernier soir au Baikal, une rencontre avec un russe exeptionnel. Alors qu'on coupe par un chemin pour rejoindre le lac on tombe sur Artium. Une bouteille de vodka dans une poche de sa veste et une brique de jus de tomate pour faire passer la vodka dans l'autre.


Il nous invite rapidement a trinquer. Il est de Moscou et passe ici du bon temps, en deux semaines il n'a fait que "omul vodka, vodka omul". Ce soir il compte s'ennivrer et nager dans le lac, ou l'inverse je ne sais plus trop. Quoique non car il etait deja bien haut perche, et pourtant il n'avait pas l'air de s'etre baigne. Il connait quelques mots d'anglais mais il se fait comprendre avec des mimes terribles, il est fort. On rigole vraiment bien avec lui. Il n'en revient pas de rencontrer deux francais ici, au baikal. Il est au camping a cote. On se separe mais on le retrouve au bord du lac apres avoir traverses un passage d'une riviere a hauteur de cuisses. Je pense pouvoir franchir juste en pedalant sur le coup, mais mes jamabes sont vites immergees, ca me stoppe: les deux chaussures sont trempees. Robin se fend la tronche en me voyant et enleve bien evidemment les siennes.


 
On retrouve alors Artium, il ramasse des cailloux pour sa fille. Il est en calecon et ne semble pas avoir bien froid. On trinque encore plusieurs fois et on se quitte sur une chaleureuse poignee de main.

Le matin, c'est avec bonheur que l'on sent le soleil cogner sur la tente ! On fait tout secher. C'est la que je change mon duvet et mon tapis de sol de place, hop tout dans le rack pack, plus de danger avec la flotte !


Avant de quitter le lac on cherche a manger de l'omul, ce n'est pas cher ici, mais en vain. Le lac a une couleur superbe aujourd'hui, il est d'un bleu tres pale et est legerement teinte de rose grace aux nuages, on dirait vraiment un miroir.


Tellement beau que je m'arrete tous les 100 metres pour une enieme photo. Enfin nous quittons le lac par une longue cote a forte inclinaison.


On campe cette fois dans la foret, on y amenage un terrain de badminton et on se degourdi un peu les bras jusqu'a 23h.

Il flotte encore ce matin et il caille. Montagnes russes dans les forets et arret dans un resto un bon petit moment. C'est en fin de journee que je pete mon premier rayon, robin est ravi! Il en a tellement casses qu'il se pensait maudit. On finit par descendre et filer sur Irkutsk. On y arrive en fin de journee. La ville est tres chouette, les eglises sont belles et le centre a un air vraiment chic.



 
On par en quete d'un hotel mais tous est bien trop cher ou complets. On atterris dans un enorme hotel ou une hotesse nous aide dans un francais parfait. Cela nous mene finalement chez une vieille femme pas tres aimable, elle veut nous taxer a chacun 10 euros en plus pour mettre les velos dans la chambre (on ne peut pas laisser les velos dehors, par megarde j'ai jete la clef de l'antivol a la poubelle). On se resigne et on tente le bord du fleuve, mais un jeune nous annonce qu'il y a des laches de barrage de temps a autres, "Ah fait ch*** !!!, on sait maintenant on peut pas rester la!" On trouve au final un endroit minable entre des buissons entre une route et un parking, et on monte la tente, de nuit.


On met un peu de temps a se coucher car deux types tournent bizarrement autour. Juste curieux en fin de compte. Le lendemain on file a l'office de tourisme, endroit clos avec cours, tres sympas, acceuille chaleureux par une jeune qui elle aussi parle un francais excellent. Elle nous reserve un hotel a 35 euros la nuit, pas moins cher. Heureusement on n'y reste que trois nuits.

L'acces a internet est libre et gratuit a l'office de tourisme, merci a eux ! On devrait avoir notre photo sur le site de l'office de tourisme d'Irkutsk, la classe non ?!

Demain soir on grimpe dans le train pour Moscou, retour en Europe, va nous faire drole de se retrouver si proche de la France.

Par la les photos !


 

lundi 10 juin 2013

Sainchand - Oulan Bator






Nous voila repartis dans le desert, charges comme des mulets. Cette fois on ne se fait pas avoir, on prend a bouffer pour un regiment histoire d'eviter la famine.
La portion Sainchand - Choir est en cours de goudronnage, selon un ingenieur ecossais croise en chemin ca devrait etre termine fin aout. Mais en attendant la route est le plus souvent impraticable, de gros tas de terre sont regulierement depose au milieu pour empecher voitures et camions de passer (mais a velo on peut parfois passer en empruntant des passages techniques), et on se retrouve a rouler la plupart du temps sur la piste, qui longe la route. Et qui longe egalement la voie de chemin de fer, depuis Sainchand. Le transmongolien nous tiendra compagnie jusqu'a Oulan Bator.



Le vent nous laisse tranquille (on l'a meme un peu dans le dos) pendant une journee et demi, et on fait plus de 200 bornes sans s'epuier. Le lendemain matin, la tente se tord sous les raffale. "Celui la si on l'a dans le dos on est a Oulan Bator ce soir!". Mais non mais non, en sortant de la tente on s'apercoit bien vite que ce bon vieux vent du nord est revenu en fanfare. On se retrouve donc a forcer comme des anes sans avancer.







Deux rayons cassent sur ma roue arriere. Un rapide coup d'oeil me permet de me rendre compte que je suis mal : les rayons brises sont cote cassette, et on n'a pas l'outil pour demonter la cassette - pas moyen d'en monter des neufs. Et pas question de rouler comme ca, la roue est completement voilee, et bien fragilisee. Aie aie aie, je commence deja a dire a Vico "bon ben au pire j'arrete un camion et je me fait enmener jusqu'a la prochaine ville." Mais Vico, toujours plein de ressources, a la bonne idee du jour : "Pourquoi t'essayerai pas le methode indienne?" En inde, pour le meme genre de probleme j'etais alle faire reparer ma roue par un specialiste. Mais les velos indiens n'ont pas de vitesses, et mon specialiste n'avait pas plus le precieux outil que nous. Qu'a cela ne tienne, on prend le rayon, on tord le bout et on crochette le rayon voisin, plutot que de le fixer au moyeu. Et puis roulez jeunesse! Il nous avait bien fait marrer cet indien avec sa technique de sauvage, mais voila que cette meme technique me sauve la mise dans le desert. J'arrive a devoiler et je n'ai plus qu'a prier pour que ca tienne.




On finit par arriver a Choir, on a mis toute la journee pour boucler les 40 km qui nous separaient de la ville, et on arrive sur les rotules. On s'effondre dans le seul hotel du village ou on paye une blinde pour une chambre minable sans douche. Mais bon on a vraiment plus de forces. Le soir, deux ivrognes s'infiltrent dans notre chambre et se mettent a picoler sur notre table. Rien de plus normal, visiblement. On arrive a les mettre dehors et on ferme a clef. Mais regulierement, des gens viennent toquer a notre porte histoire de nous observer de pres.




Le lendemain on part a la recherche d'un distributeur, avant d'aller faire de nouvelles provisions. La machine ne veut pas me donner de biftons, je re-essaye. Mauvais choix : la machine me mange ma carte. A force de demander de l'aide au gens qui passent autour (les mongols ne sont pas toujours prompt a donner un coup de main), un banquier tombe du ciel. Avec de nombreux signes et quelques mots d'anglais, il m'explique que je ne peux pas recuperer ma carte avant trois jours. Il ne semble pas que ce soit une arnaque, et on decide d'attendre trois jours, que l'ATM veuille bien recracher ma carte.


Nous voila bloques a Choir, ville ou on pourrait aisement tourner un western : du sable partout, toujours du vent, des maisons bancales et rafistolees avec de la taule. On se degotte un billard, dans une cave. Depuis la Chine le billard est devenu notre passe temps favoris. Sur la chaine de sport chinoise, on a pu voir de nombreux matchs de Ronnie O'Sullivan, le maitre inconsteste de la discipline, champion du monde a maintes reprises. Alors on s'entraine pour avoir le niveau de Ronnie, mais il nous reste encore un peu de chemin. Il y a egalement deux tables de ping pong dans la cave et des le premier soir Vico se fait defier par la championne du coin pendant que je terasse un papy. Les mongols aiment bien se mesurer a nous au ping pong, au billard on n'a pas encore le niveau...


Il n'y a vraiment rien a faire dans ces petits bleds au milieux du desert. Et d'ailleurs beaucoup de gens ne font visiblement rien. Beaucoup d'hommes s'envoient des bouteilles de vodka, ils feraient probablement mieux de ne rien faire. Et on se demande bien comment ces gens vivents pendant l'hiver, durant lequel les temperatures descendent jusqu'a -40. Nous on passe trois jours au billard ping pong.


Je recupere ma carte, pas d'entourloupe. On repart et devinez quoi? Le vent est de face. On n'en peux plus, rien que le bruit assourdissant dans les oreilles nous insuporte. On decide de se poser sous la voie ferree en attendant la nuit - le vent tombe parfois la nuit. Paris gagnant, le vent tombe et on en profite pour rouler a fond. L'inconvenient de rouler a fond de nuit, c'est qu'on peut se faire surprendre par la route. Alors que je suis devant le nez dans le guidon, je vois un nid de poule au tout dernier moment. Je met un coup de guidon juste a temps pour l'eviter, mais vico bien cale dans ma roue n'y voit que du feu et ne devie pas sa trajectoire d'un millimetre. Il prend le trou de plein fouet, se brise les valseuses et perd le controle de sa monture. En bon equilibriste il parvient a sauter a terre et rester sur ses pieds pendant que le bolide finit sa course dans la steppe. Mais ca a vraiment cogne fort et sa roue arriere fait vraiment la gueule : elle n'est plus tout a fait circulaire, mais legerement elliptique. C'est pas le top quoi.


Maintenant on prie chacun pour sa propre roue arriere, esperant que celle de l'autre explosera en vol en premier. Les paysages verdissent, on quitte petit a petit le desert pour etre maintenant dans la steppe. Le terrain est un peu vallonne, finit les etendues plates a perte de vue. On renoue tranquillement contact avec la civilisation : la route est maintenant totalement goudronnee et les villages de plus en plus nombreux a mesure qu'on se rapproche d'Ulaan Baatar. Et cela a une consequence que l'on avait pas prevu : les bouteilles de vodka vides sur le bas cote. Leur nombre est impressionnant. Pour passer le temps on les compte sur 4 km. Vous avez une idee? Allez, tentez un nombre! Et on ne compte pas les mignonettes hein?! Pas la biere, le vin le wisky! Non non non, que les bouteilles de vodka de taille normale. Alors? Deux cent vingt huit bouteilles, sur 4 bornes au milieu de la steppe...



On croise maintenant un bled par jour au moins. On se fait assaillir par un gang de gosses a velos, qui nous enmenent a la yourte hantee du village. Pas de chance, les fantomes ne sont pas la aujourd'hui.
Termine la ligne droite sur des dizaines de kilometres, avec les collines la route est bien plus sinueuse. Mais le vent en revanche, pas termine. Alors suivant la direction de la route on est aux anges ou en enfer. On monte des cotes a 40 km/h ou on force en descente pour maintenir un pitoyable 7 km/h, suivant que le vent soit notre allie ou non. Au fond de la vallee on apercoit Oulan Bator. Le traffic se densifie, et la conduite mongole est ... musclee. Et connaissant leur gout pour la vodka au volant on n'est pas rassures. Avec le vent les appels d'air sont terribles, Vic frole la correctionnelle au passage d'un camion. Il finit dans le fosse, sans mal mais pas franchement de bonne humeur.





Ulaan Baatar, enfin! On commencait a vraiment avoir hate d'y etre. A l'image des villages croises sur la route, la capitale mongole n'est pas vraiment belle. Elle est meme assez, voire franchement moche.
Il nous faut faire notre visa russe. Il coute cent euros et il faut 2 semaines pour le faire, que du bonheur. Notre visa mongol sera perime dans deux semaines, alors il faut faire une demande d'extension du visa mongol pour pouvoir avoir le temps de faire le visa russe.


C'est parti pour l'office d'immigration, qui est a 15 bornes du centre ville. C'est couvert mais il fait doux, je pars en chemise (le style avant tout). Vico, plus prevoyant sur ce coup, prend son K-way. Evidement en chemin il se met a pleuvoir. Une pluie glacee. On s'abrite sous un arret de bus mais ca n'a pas l'air de vouloir passer alors on y retourne. La pluie est de plus en plus glaciale, l'air se refroidit. On s'arrete dans un petit market, la vendeuse me prend en pitie et m'offre un sac poubelle k-way. On repart, la pluie s'est transformee en neige. La temperature est tombee de 15 ou 20 degres en deux heures! On se refugie dans un gymnase ou a lieu un tournoi de volley ball. On se prend de passion pour la quatrieme division de volley ball feminin mongol le temps de se rechauffer, mais il faut repartir sous la neige. On trouve l'office d'immigration . . . ferme. Il est trop tard. Y'a plus qu'a rentrer bredouille, en serrant les dents.




Le lendemain on obtient notre prolongation (on est venu en polaire-manteau-bonnet-gants) et on laisse notre passeport entre les mains des russes. Pendant quelques jours c'est repos et reparation des montures. On rencontre des cyclos belges (les Belgian Solidarity Bikers!) qui font le meme genre de trajet que nous, et nous conseillent un detour par le parc Terelj. On decide d'utiliser notre temps libre pour aller y faire un tour. Faut dire qu'Oulan Bator n'est pas une ville tres agreable, il n'y a pas beaucoup de choses a voir ou a faire. Et on ne se sent pas toujours tres en securite, il ne vaut mieux pas roder dans des coupes gorges la nuit! On tente d'ailleurs deux fois de me faire les poches (mais je veille!). Et un peu plus tard, alors qu'on traverse la banlieue avec nos velos charges, un type (probablement totalement ivre) balance une pierre a Vic et le rate de 3 m. Je le vois se baisser a nouveau et ramasser deux nouveaux projectiles alors ni une ni deux, j'emploie la methode utilisee avec les chiens : j'appuie sur les pedales, je me deporte de sont cote de la route et je lui hurle dessus. Comme avec les clebars, ca le surprend! Et j'ai le temps de passer, tout en rentrant la tete dans les epaules pour eviter les pierres.
Nous voila donc sur la route du parc Terelj et (devinez quoi?) le vent nous souffle dans le nez. Vous devez vous dire que j'en fait bien beaucoup avec le vent, mais c'est que vraiment parfois ca a tourne au calvaire. Rien de pire pour nous saper le moral, nous mettre de mauvais poil, nous epuiser et surtout nous ralentir. Et comme en plus on se trompe de route, on perd une journee! On arrive fnalement au parc et on remercie les belges de nous l'avoir conseille. On est tout de suite conquis par le paysage. Une immense vallee ou serpente une large riviere, encadree par de superbes montagnes. Et tout ca avec des couleurs incroyables. Bon bref c'est autre chose qu'Oulan Bator, quoi.





Le soir on arrive au dernier village du parc, ou l'on rencontre deux francais qui nous invitent dans leur yourte. On discute un moment, ayant fait beaucoup de pays en commun. Ils nous filent leur carte mongole et nous indiquent les coins sympas a voir dans le parc. On reste alors deux jours a se ballader dans cette endroit magnifique. On se fait des buuz (genre de gros raviollis a la viande) sur le feu, avec des rayons neuf en guise de brochette.
















Mais il nous faut repartir, il y a un petit festival qu'on ne veut pas manquer a Ulaan Baatar. Alors on fait demi tour (et je n'ai pas besoin de vous dire dans quel sens souffle le vent...). Au Sundown festival on est les seuls occidentaux, et on passe une sacree soiree au milieu de la jeunesse mongole.
Retour a UB, ou on se pose dans une guest house ou les chambre sont des yourtes. Notre collocataire est un drole de Bulgare qui fabrique des velos couches a partir de vieux velos tout casses et de toutes sortes de dechets trouves, dans les villes qu'il croise. Les resultats sont impressionnants, et c'est sans depenser un kopeck. Il part ensuite quelques temps sur ses creations, puis les laisse a des gens rencontres, avant de recommencer dans une nouvelle ville, dans un nouveau pays. Tout ce qui se fait a base d'objets recuperes lui plait bien, et ce soir c'est travaux pratiques : on bois une biere avec le bulgare, puis on fait un rechaud a alcool avec les canettes!