mercredi 19 décembre 2012

Bostan Abad - Karaj

Comme prevu, nous nous sommes separes pendant 5 jours, pour se retrouver a Rasht. Voici les aventures paralleles!

Bostan Abad - Rasht via Khalkhal, Robin:


Premiere etape d'une grosse centaine de km pour rallier la premiere ville, Mihaneh, dont 80 en faux plat descendant : je pars donc confiant. C'etait sans compter sur le vent qui m'oblige a forcer pour maintenir un petit 20km/h!
A peine arrive, on m'interpelle avec des signes qui ne trompent pas : on va me poser quelques questions puis m'inviter au tchai. J'en ai bien besoin! Apres plusieurs tchai, je demande si il y a un hotel pas cher dans le coin. Mehmet me repond qu'il a un "free hotel" si je le souhaite, et me propose de manger iranien. Je ne mets pas longtemps a accepter le repas et la nuit. On est 7 a manger, et comme souvent chacun arrive avec quelque chose, puis tout le monde s'affaire pour preparer le repas (avec toujours quelqu'un de libre pour s'occuper de moi, quand meme!). Mes hotes sont particulierement curieux et je dois deballer tout mon materiel en essayant d'expliquer les details techniques. Pas facile de dire "par une temperature de -20 degres un type a poil dans mon duvet peut survivre pendant 6h" avec des signes. Ilaj est tres interesse par la tente, et quand je dis qu'elle est super-waterproof il s'empresse d'aller cherche un verre d'eau pour le balancer dessu. Convaincu, Ilaj! Je montre egalement mes photos qui ont un grand succes, notament celle ou je viens de me raser le crane : c'est le fou-rire general, ils rient tous aux larmes, impossible de les arreter pendant 10 minutes! J'etais si vilain?

Je repars en direction de Khalkhal, malgres les protestations de mes hotes : il va faire tres froid, je vais devoir pousser mon velo tellement c'est pentu, et je risque de me faire attaquer par des loups. Bon, le coup des loups ca fait une centaine de fois qu'on nous le fait et on a toujours pas vu le bout de leur museau. Pour le reste, je me debrouillerai bien!


Je ne met pas longtemps a me perdre. Apres avoir passe 5 minutes a essayer de comparer les signes des panneaux avec ceux de ma carte en farsi, je m'en remet a ma boussole. La route devient piste, et le "cling cling" apparait. Je m'explique : pour me fondre dans la masse j'ai accroche des decos (jaunes et bleues, fidele a mes couleurs) a mes rayons, comme c'est la mode depuis l'Albanie. En dessous de 7 km/h, la roue ne tourne plus assez vite pour coller les bout de plastique a la jante et ceux-ci font des aller-retour sur les rayons en faisant un "cling cling" assez agacant. C'est un signe qui ne trompe pas, quand le "cling cling" apparait c'est qu'on est dans le dur. Et aujourd'hui, je me fait une journee "cling cling"! Peu de villages dans ces montagnes, mais de nombreuses personnes en voiture s'arretent pour m'offrir leur aide, du tchai, des pommes, des biscuits ou . . . du parfum! La nuit tombe et j'ai encore 20 km jusqu'a Khalkhal, je suis a bout de force. Mais il se produit un truc qui nous arrive de temps en temps dans ces moments la : comme si le cerveau se deconnectait et que les jambes se mettaient a tourner toutes seules. J'arrive a l'etape comme un zombi et je m'effondre dans un hotel. Vers 3h du mat', alors que je me leve pisser, le seul autre resident insiste pour m'offrir le tchai et un casse croute. Je reste plus d'une heure a discuter avec lui et il m'exlique qu'il ne dort jamais, visiblement c'est un truc qui ne l'interesse pas.
Apres plus de 50 km de descente vers la Caspienne, je decide de ne pas reprendre un hotel le soir. Je demande donc ou est-ce que je peux planter ma tente. Un type a moto me guide, et s'arrete au milieu de la rue principale; il me montre le trottoir. Il comprend que ca ne me convient pas super, alors on reprend la route. Nouvelle pause, il me montre un autre trottoir mais deux fois plus large que le precedent. Je suis un voyageur difficile, ca ne me va toujours pas. Il finit par m'enmener voir un petit type qui me dit de le suivre. Il m'enmene dans une piece chauffee, avec salle de bain et tele. Je viens de passer du trotoir a une chambre de luxe.


Je roule fort le long de la Caspienne et j'arrive avec une journee d'avance au point de rendez-vous, a Rasht. J'en profite pour me reposer et trainer dans la ville qui a un bazaar particulierement sympathique. Je passe du temps a regarder la rue, les iraniennes sont si jolies qu'il serait possible de rester assi dans une rue pendant des heures, sans s'ennuyer.
Mais rares sont les contacts avec les femmes ici. Pendant l'aprem jee cherche un coffeenet ,comme on dit ici, et je trouve une petite boutique avec des ordis mais que des dames a l'interieur. Je m'aprete a rentrer quand un type me bondit dessu : je dois rentrer a cote. Je vais voir a cote et je ne trouve rien. Je retourne donc dans la boutique a bonne-femme, qui sont bien genes de me voir rentrer la. Apres beaucoup d'hesitation, une me propose de me conduire a un coffeenet ou je suis autorise a aller. Et je comprend son hesitation : a peine sorti un homme m'interpelle et me fait des signes "qu'est-ce que t'es en train de faire la?!"! En effet, ici la loi interdit a un homme et une femme de se montrer ensemble en public s'il ne sont pas marries ou de la meme famille. C'est pas un peu dingue ca? Mais Sarah continue de me guider, regard fixe, tete haute et sourire en coin.



Bostan Abad - Rasht via Ardabil, Vic :


Je fais feu direction plein Est pour rejoindre Astara.


Dans les montagnes avant Ardabil, je dois freiner avec les pieds, je ne peux pas prendre de vitesse sous peine de prendre de belles tangentes dans les virages, mes patins sont totalement HS; je les change donc pour la premiere fois du voyage. Avec une pareille charge et plus de 6000 km a leur actif je considere qu'ils ont fait leur job ! Les 6000 kms sont franchis le deuxieme jour. J'arrive a Ardabil a la tombee de la nuit, le temps est charge; les nuages sont lourds, epais et gris. Il y a de la bruine et il ne fait pas chaud. J'y achete une carte de l'Iran totalement en farsi. En fait, sur le coup je ne compte pas vraiment l'acheter vu qu'elle est illisible, mais les deux bouquinistes sont plutot sympas et m'offrent le cai !
Je fais un tour au bazaar, l'architecture est belle, mais sinon, le bazaar en lui meme est plutot ridicule. Sur le trottoire j'apercois de plus en plus de stands avec des poissons frais, la mer caspienne n'est plus tres loin!
C'est a Ardabil que je decouvre les boulangeries; il n'y a pas de boutique. Les gens s'agglutinent devant la grande vitrine de l'atelier et par une petite fenetre les boulangers, profitant d'un moment de repi, tendent les pains. Juste devant, il y a une grille qui repose sur des genre de treteaux, des brosses y sont posees, il faut alors degager le pain des residus de farine et de charbon.


Le lendemain, grand soleil, temps froid et sec. Impecc ! Je croise le mont Sabalan (4811m) il est superbe, il est tres large et sa surface enneigee est impresionnante. Plus loin, des policiers m'arretent, l'un d'eux, le sourire jusqu'aux oreilles, me lance: "Hello, what's your name?"- "Vic and you ?", il me repond et repartent tout contents. 500 m plus loin, alors que je passe devant une voiture garee sur le bas cote, un homme passe la tete a travers la portiere: "Please!'. Il m'invite a m'asseoir a ses cotes, il est medecin et me sert du cai !
Je continue de grimper sur 2 km, puis juste devant un tunnel - qui, je le sais via le medecin, annonce une descente de 40 bornes - je fais la connaissance de 7 francais, 4 mecs 3 filles.


Eux vont dans l'autre sens et viennent donc de se taper une mechante cote. Les filles ne sont pas encore arrivees en haut, ils les attendent.


Ils voyagent depuis longtemps, cela fait 3 ans et demi qu'ils sont a velo. Ils prevoient d'etre en France a la fin du printemps. Je me demande encore: sept ?! Bon sang comment font-ils ?

A la sortie du tunnel tout change c'est incroyable, tout est vert. Je descends jusqu'a Astara, il y a des grandes forets et c'est humide. En arrivant a Astara je n'ai qu'une idee en tete: voir et toucher la mer caspienne, mais dans le centre ville je dois passer par la case toilettes en urgence (a part dans les mosqees et grands restos il n'y a d'ailleurs pas beaucoup d'endroits), et vais donc dans des WC minables dans la cour d'une mosquee. Alors que je m'approche de la mer un jeune en scooter vient a mon niveau, il m'accompagne et discutons un peu. Enfin je tate la mer caspienne. On va pas le cacher, la mer et le sable sont gris, comme les nuages d'ailleurs: c'est moche. En revanche la mer est agitee, cela lui fait somme toute un petit charme.


Je passe au berber, je voyais cela comme un agreable moment de paix et de silence: erreur !
Des ados me scrutent en me criant au visage: "Zidane ?!!!" "Benzema?!!" "Play football?" tout en s'etoufant de rire. Je bouillonne. Pour me faire une petite farce le barbier me laisse la moustache a la Hitler, cette fois les ados n'en peuvent vraiment plus. Je finis par me faire photographier avec chacun d'entre eux. Je ressors leger, cette lourde barbe me pesait !

Au cybercafe je me fais invite a une soiree par un groupe d'amis. Ils sont douze dans la maison, festin et jeu apres le diner, je leurs passe aussi les photos sur la tele. Ils me ramenent ensuite en voiture (hotel deja paye !).


Le lendemain, pluie. C'est la que je fais ma journee record: 177 km. A vrai dire je ne comptais pas en faire autant, je voulais passer par une ville en bord de mer avant de piquer dans les terres vers Rascht mais un homme m'indiqua un mauvais kilometrage. J'arrive a destination (Anzali) completement assome et trempe, mes sacs plastiques en guise de surchaussures sont totalement dechiquetes. Je m'arrete au premier kebab, je peine a commander. Les gens me prennent pour un fou furieux. Pour finir de m'achever je passe 3h a trouver un hotel. Des jeunes m'aident, ils sont en voiture, je les suis en velo mais ce sont que des hotels un peu chics. Ils finissent par avoir une petite promo, je cede. Balcon avec vue sur la mer, elle est a 10 metres.


Je decolle le lendemain vers 12h30, nous avons rdv a 17h, j'ai le temps et parcours tranquillement les 40 km restants jusqu'a Rasht. Je longe de nombreuses rizieres et me fais encore offrir le cai sur la route.



De nouveau reunis!
On se retrouve avec Vico en ayant chacun beaucoup aprecie notre petite escapade. On avait tous les deux besoin de souffler. Est-ce que vous vous imaginez 24h/24 pendant trois mois avec l'un d'entre nous? Dur, non? Vous pouvez donc imaginer qu'on ai besoin d'un peu de solitude de temps en temps!

On reprend notre rythme habituel le long de la Caspienne, le temps est pourri. C'est une des caracteristiques de la cote, il pleut tout le temps. Et ils en sont assez fiers! On se fait regulierement arreter par la police iranienne, mais c'est simplement qu'ils ont envie de discuter. Parfois ils ne demandent meme pas le passeport, une fois on se retrouve a se faire payer le tchai.



Deja pres de trois semaines qu'on roule en iran et on ne pige toujours rien au Ta'arof, la regle de politesse qui veut que l'on refuse plusieurs fois un offre avant de l'accepter. Un coup on accepte rapidement et on se dit qu'on a ete impoli, la fois d'apres on refuse trois fois et une offre allechante nous passe sous le nez. Bref, on n'a pas encore toutes les subtilites!
Traverser une route ici, c'est danger de mort a tout instant. Les pietons n'ont clairement aucune priorite, et faut des fois prendre son courage a deux mains pour atteindre l'autre cote d'une rue. Mais sur nos becanes on arrive a se fondre dans le flot, et on est de plus en plus a l'aise pour slalomer parmis les bagnoles qui font n'importe quoi.






Apres plusieurs journees de flotte on repique dans la montagne en direction de Teheran. Nous attendent 80 km de montee, dont 40 assez ardus. Sachant qu'on en a pour un moment, on monte tranquille, en admirant le paysage. Le givre ne tarde pas a apparaitre, rapidement suivi par la neige. Les iraniens doivent penser qu'on est completement cingles de monter cette cote par ce froid : on est pris en photo sous toutes les coutures depuis les voitures ou le bord de la route. Si la cote est assez solide, c'est la descente qui nous inflige une veritable torture. La neige qui tombe nous bouche completement la vue, et surtout les pieds et mains ne se rechauffent plus. Ca pique tres tres severement, on a tous les deux envie de pleurer, mais bon quand meme on est des solides! On serre les dents, je m'arrete plusieurs fois faire ce que je peux pour rechauffer mes mains car je ne parviens plus a freiner (et dans une descente pentue et glissante c'est pas le top). On se jette dans le premier tchai que l'on trouve, mais les tortures ne sont pas finies, il faut que le sang revienne dans les doigts. Et ca donne l'impression d'avoir un petit etau qui serre chaque doigt tres tres fort; rien de tres agreable quoi. On fini par se rechauffer et on courre se vautrer dans le luxe d'un hotel trois etoiles. Et s'il n'y avait eu ni ville ni hotel? On se serait probablement jetes du haut d'une falaise.



On ne se fait pas avoir le lendemain : chaussettes par dessus les gants, et sacs plastiques par dessus les chaussettes. Il fait moins froid et la descente sur Karaj se passe bien, dans des paysages assez epoustouflants. Demain nous serons a Teheran, ou quelqu'un nous a invite a dormir, et on decollera le 23 en direction de Bombay. Meteo a Bombay : 33 degres.




"Quand la sagesse est descendue des etages du ciel vers le centre de la terre, est s'est etablie en quatre gites et s'est installee en quatre demeures : dans le cerveau des Grecs, sur la langue des Arabes, dans les mains des Chinois et dans le coeur des Perses."  Al-Sadjâssi, debut XIIIe



Le reste des photos c'est par ici

samedi 8 décembre 2012

Doğubayazıt - Bostan Abad (Iran)


Voila maintenant une semaine que nous sommes en Iran. Hotel chaque nuit.


En approchant de la frontiere on s'inquiete pour l'argent, en effet une fois de l'autre cote plus moyen d'utiliser la carte de credit et aucun distributeur en vue. Heureusement une poste pointe le bout de son nez, pas d'euros mais uniquement des Turkish Lira de dispo, 'bon ok !', apres une petite conversion nous retirons de quoi survivre pendant environ trois semaines et de quoi payer le vol Teheran/Bombay.

Au poste frontalier, frayeur, nous aprenons qu'il est impossible de faire le change Lira/Rial iranien en Iran, nous voila en bien belle posture avec tout ces biftons en poches ! On va donc faire le change au noir,  dans une banque tout de meme. Le banquier nous fait le taux suivant:  1 Tl  = 15 000 IRR avant de repartir il nous offre le cai et des dates. A vrai dire on aurait tres bien pu se faire avoir comme des minables; c'etait une banque, on a ferme les yeux. On ne parle plus en centaines d'euros ni en centaines de Lira mais bien en millions de Rial iranien dorenavant. Le banquier place precieusement nos liasses dans des sac plastiques, on prend un peu de billets sur nous et on planque le reste du cash dans les sacoches.

 
Le meme jour, lors d'une session cybernetique, alors que nous consultons les taux de change pour voir si on ne s'est pas fait escroques, nous tombons des nues; tous les sites internet indiquent le taux suivant: 1 Tl = 6 900 IRR. On croit rever, on aurait donc plus que double notre argent ! "Hmm etrange, pas possible ce machin-la, grace a une banque en plus ?".  Plus tard nous apprenons que nous avons eu le bon taux. On ne saisit toujours pas bien pourquoi les sites internet n'indiquent pas le bon change. Heureusement que l'on a negligemment oublie de se renseigner sur le taux la veille; les hommes a la frontiere qui nous interpellaient "Hello hello ! Change money !?" nous proposaient ce genre d'offres: 1 Tl = 10 000 IRR, nous aurions saute a pieds joints dans le piege.

Des les premiers kilometres on perd un peu le nord avec le farsi, les panneaux, les chiffres, tout change. Et pour nous achever, pres de la frontiere, les serveurs nous parlent en dollards, turkish lira, euro et toman (1/10 de rial), on dirait qu'ils y prennent un malin plaisir. "Oh on est en Iran ou bien !?" A Maku, ville au milieu d'un canyon, des jeunes sur le bord de la route viennent nous voir pour entamer la conversation, ils nous apprennent les chiffres qui eux, se lisent de gauche a droite, on echange aussi pas mal de mots en farsi/francais. Un peu avant on se fait servir le cai dans une boutique. On sent tout de suite qu'il va etre dur d'avancer dans ce pays ! Vers midi, alors qu'on contemple une mosquee de l'exterieur, on entend des voix provenant de la remorque d'un camion gare en bord de route. Des hommes dejeunent a l'interieur, ils nous invitent a partager leur repas, apres trois refus nous acceptons enfin et nous goinfrons.

En Iran, une offre doit toujours etre refusee a plusieurs reprises, si au bout de 2/3 refus la personne vous redemande vous pouvez accepter. C'est dans la coutume ici, les iraniens se sentent comme obliges de proposer des choses; si en realite ils ne veulent pas vraiment vous faire de 'cadeaux' ils ne redemenderont pas apres 1 ou 2 refus. Si l'on accepte a la premiere demande le demandeur peut etre surpris.

Alors qu'on fait un tour sur un marche en bord de chemin, des jeunes nous invitent a fumer le narguile et a boire le cai. On galere un peu avec la facon iranienne, pas de cuillere pour le the, il faut mettre le sucre dans la bouche et faire passer le liquide a travers. Le narguile est tres frequente, nous y rencontrons beaucoup de gens de notre age; c'est aussi ce qui nous frappe depuis l'entree dans le pays, l'Iran est jeune. Nous finissons la soiree dans un hotel a moins de 2 euros, douche chauche gratuite.


Beaucoup d'adolescents se deplacent fierement a dos de leur moto customise dans les villages, il n'est donc pas pas rare qu'un motard ou deux viennent a notre niveau pour nous suivre sur 500 metres. Un jour nous pensons arriver dans un espece de village fantome accroche aux rochers, erreur, une veritable escorte de motos et velos (tout aussi customises) se forme pour nous conduire a l'hotel.


A l'entree de Marand nous rencontrons un cyclsite assez maniaque mais tres sympathique. Il nous cueille sur la route, il est egalement a velo mais a sens contraire, il semble prevenu de notre arrivee et nous donne deux canettes de jus de fruits. Il sort un album photo; il comptabilise tous les cyclos-voyageurs qui passent par cette route. Ils nous annonce que nous sommes les numeros 101 et 102; depuis huit mois 102 voyageurs sont donc passes par la. Enfin, il finit par nous guider a l'hotel.
Le lendemain il apporte le petit dejeuner, il sort son portable et nous montre ses futurs tirages pour l'album photo. Nous y voyons quatre cyclistes rencontres auparvant, incroyable, de plus ils ont les memes canettes que nous ! On le soupconne d'avoir des contacts proches de la route; au moindre appel, il surgit.
Il voyage aussi a velo, il n'a pu voyager qu'en Turquie, Azerbdjan et en Iran. Il lui est difficile d'avoir des visas.


Apres etre redescendus en plaine, nous retrouvons le denivele sous une grosse pluie qui se transforme en neige au fur et a mesure que nous grimpons et un vent puissant, dans la tronche evidemment, nous faisons des ecarts fous et roulons a 45 degres d'inclinaison. On se fait secourir par un pompiste, cai et pommes de terres. On est trempes et sechons un bout de vetement a cote du poele a fuel (autre nouveaute, ca chauffe au fuel maintenant).
On arrive a Tabriz en fin d'aprem, cai au bord de la route; la circulation est folle dans le centre. Nous laissons les velos a l'hotel et passons le lendemain a visiter, chacun de son cote. Le Bazaar est immense, pour bien s'en empreigner il faut s'y perdre.
Traverser une large route ou tout simplement une route en fait, n'est pas evident au debut; apres des minutes d'hesitation et d'observation (les pietons traversent n'importe ou), on se jette enfin. Il ne faut pas trop reflechir et y aller franc. Au milieu de la route c'est un peu effrayant mais les automobilistes ont l'habitude, il ne ralentissent pas forcement mais anticipent. Puis nous aussi, on commence a s'habituer.


Les iraniens sont une fois de plus tres hospitaliers...beaucoup d'entre eux parlent un peu anglais, ca nous change de la Turquie ! Des fois c'est quand meme un peu leger, on croise des iraniens qui abattent leur vocabulaire d'anglais d'une traite, en une phrase, en lancant des "Hello ! How are you? Thank you, Bye !" sans que nous puissons repondre. Certains utilisent aussi des mots turcs, alors nous ne sommes pas peu fiers lorsque l'on sort "Yok", "burda" ou "üç ay". Les jeunes sont plutot coquets, les hommes ont fiere allure; costume, belle ceinture, chaussures pointues cirees et cheuveux peignes, tires en arriere. Les iraniennes sont ravissantes, malgre leur chador elles ne manquent pas de porter talons aiguilles et autres vetements classes en dessous.

On va maintenant se separer sur quelques jours, nous avons besoin de nous retrouver un peu seul. On  empruntera des itineraires differents pour rejoindre la mer caspienne, Rob passera a travers la montagne, moi je rejoindrai Astara pour longer la cote. On espere retrouver un peu de douceur, il fait moins froid qu'en Turquie mais c'est pas encore ca ! On se rejoint a Rasht.

Tres belle semaine en Iran donc. Nous franchissons aussi le cap des trois mois de voyage.
Billets d'avions Teheran/Bombay pris finalement sur internet, on decolle le 23 decembre a 4h du matin.


Les autres photos sont par ici

Bonus: notre ami Gabriel, l'irlandais, vous vous souvenez ? Il attendait un moteur pour sa bicyclette a Istanbul lorsque nous l'avions quitte, il nous a envoye un mail, il merite amplement d'etre publie ici, le voici:

Salut! Im a Facebook Whore, a digital prostitute. Im so popular!
Where are you now? Ive just seen the photos- you must have ice in your beard? I am both jealous and very glad to be indoors:
Let me tell you the strange and frightening story of the motor, and how I came to be in London.
It arrived a few weeks after you left- on the 18th I think. So, it took a few days to build- I had some help from somebody. It weighed 10kg, I took it from the box: choirs were singing, smoke was rising. They forgot to include instructions! I had to guess how to construct it- I was 80% correct, very good odds!
Anyway, a few days later I eventually got my belongings together, and at 5 A.M, left- goodbye! good riddance! I pushed the newly motorized machine down to the sea front, put in some petrol and oil (2 stroke) and with my compass pointing towards heaven, tried to start the engine. Nothing. I tried again. It made a creaking noise. I tried 50 times- It did not start. Fuck it! Nothing but forwards! Forwards is everything! I took the chain off and rode it, (just like the old days), I think 40km along the coast, all the time looking for a mechanic to help me achieve speed. I stopped off to eat a biscuit or two, somewhere near a stray dog. I then got moving again, lost the road- but found a mechanic, who arrived out of the mist like a greasy angel on his motorbike. It was miraculous! There was a problem though: I realised suddenly that I did not have my violin- I left it behind- Connard! Shit! I went back to the place where I had stopped for 5 minutes- and it was gone, stolen, the end of the music- my livelihood stripped! I tried to explain to grandpa, but he just started singing. After cai, cai, and some cai, and a sandvic, the motor started! Many hours passed. It was brutal- loud, like a pneumatic drill- and very very uncomfortable! I made an exaust pipe from a Coca Cola can.
Everything, apart from my violin and mental health, was great. The sun was shining, the wind gentle. I said goodbye to Ali, Mechanic supreme. I engaged the clutch, the engine choked into life- I revved up! - 50 kmph-! downhill-! La Vache! Holy shit! I tried to stop- I slammed on the breaks- lost control- the bike slid and spluttered- I flew through the air and skidded at high speed onto the concrete. My legs were bleeding and wrist almost broken.
Forwards! The motor was a beast, a predator. I entered into a trance, and sped at high speed down the motorways, the noise incredible! The vibration intense! I covered 100km to just outside Siliviri- then the engine stopped- out of fuel. I spend 5 lira on another full tank- and a full tank of chai of course. I said goodbye to the petrol men, who fed me, as always! Speeding off, young men and boys beeping car horns and filming my engine-bike on camera-phones- shouting encouragement! Beautiful madness!
Another few KM
but, alas, it was not meant to be. The engine, after one day of use, blew up with an extemely loud bang, outside a butchers on a busy road. I was not hurt- just very pissed off. No punctures though, hooray! The bicycle, after a crash, a leaking gas-tank, a bad start, 30 punctures, and 3000km, was over! It was beyond repair. The engine was dead. Totally fucked.- So was I. After wondering what to do- where to go- night moving in, cold, busted and disgusted, I sold it, over a few hours during the night, to a scrap-metal person. I used the money to get a bus back to Istanbul Airport, got the first flight to London I could- the next morning. During the night I was questioned by police, for being a tramp. I never felt better.
Now I am in London, making a new violin from aluminium cans.
How are you vagrants going on? Cai cai cai? Have you entered Iran?
Your Comrade in arms,
Gabe